Plateforme interprofessionnelle
pour protéger les enfants et ados des violences sexuelles
Enfants / ados en danger ?
Repérer les violences
Pour repérer les violences, il faut déjà pouvoir les entendre, les voir et donc imaginer qu'elles sont possibles.
Repérer les violences graves, c'est déjà pouvoir considérer que notre société est basée sur la haine des enfants (la misopédie). Bien sûr, dit comme ça, c'est exagéré. Mais considérr les enfants comme des personnes, et comme des personnes de droit, date des années 70. Et oui, on les idolâtre aussi, ça peut exaspérer, etc... mais ça n'empêche pas de les violer et de leur faire subir les pire supplices, au contraire ! Et ce dans l'impunité générale - voire pour les enfants handicapée, avec la commisération de la société pour des parents meurtriers "qui vivaient un calvaire" ou des inculpés à Outreau qui s'entre-accusaient et qui ont été transformés en véritables victimes de l'affaire... bien plus que les enfants.
Les violences extrêmes sont massives.
Pour une société où seulement 6% des enfants/ados victimes de violences sexuelles qui dénoncent les faits sont crus et protégés, le verdict est sans appel : le monde adulte est basé sur le sacrifice des enfants.
Les violences sexuels avant 18 ans touchent :
- un-e personne sur cinq en France (et l'inceste au moins un-e personne sur dix).
- 160 000 nouveau cas par ans,
- environ 3 élèves par classe en fin de primaire.
- et c'est sans compter les violences physiques ou psychiques.
Pour les voir, il faut accepter de voir le continuum des violences "ordinaires" et "éducatives" . Sans pour autant verser dans un idéalisme où les adultes par miracles ne seraient plus violents... et les enfants non plus.
D'autant que ces violences "ordinaires" peuvent former un tissu très dense autour de certains enfants, et sous les traits de contraintes banales, s'avérer bien plus perverses qu'il n'y parait. Et ainsi, des signaux d'alarmes peuvent s'accumuler sous les yeux des professionnel-les qui ne bronchent pas : et les enfants en tirent les conséquence. Il pourrait pourtant suffire d'un regard. Pour ne plus être invisible, et pour peut-être, parler. Au lieu de se laisser charmer par leurs bourreaux.
Car les agresseurs d'enfants, aux profils psychologiques parfois très différents, ont cependant des stratégies aux nombreuses similitudes.
Réagir à la stratégie des agresseurs
En plusieurs décennies d'écoute de personnes victimes de violences sexuelles dans l'enfance et à l'âge adulte, le CFCV a mis à jour des patterns déployés par quasiment tous les agresseurs. Ces patterns se retrouvent aussi dans d'autres études et s'adaptent bien sûr à la personnalité de chacun, à son environnement, aux victimes etc.
L'amicale du Nid, association venant en aide aux mineur-es prostituées, schématise la stratégie des agresseurs et la réponse à y apporter ainsi.

Isolement --> j'écoute
Isoler la victime physiquement et psychiquement (la couper de ses amies et du reste de la famille), la couper de ses ressources, y compris finacières.
Impunité --> "je t'aide" (et je signale)
S'assurer en parallèle d'une emprise, d'une fascination, d'une forme de complicité, et au final d'une impunité du groupe et notamment des adultes : "je le connais, il est formidable", "jamais il ne ferai ça". + ne pas laisser de traces (même parfois dans la mémoire visuelle d'une jeune victime "ne te retourne pas, juste détend toi et tout ira bien").
Inversion de la culpabilité --> "tu n'y es pour rien"
Créer un 'pacte' avec la victime en la rendant responsable, coupable (inversion de la culpabilité) et honteuse et dépendante : "c'est notre secret", "c'est toi qui a voulu", "moi j'ai fait tout ça pour toi", "mais enfin, personne ne te croira"...
Dévalorisation --> "tu es fort-e d'avoir déjà traversé tout ça"
Une fois le 'pacte' et la dépendance assurée : la dévaloriser que ce soit physiquement, intellectuellement, mais surtout moralement et psychiquement : "t'es folle", "t'es qu'une pute"... par des mots ou des actes,
Terreur --> "lui céder, ce sera pire"
Et la terroriser, en donnant un exemple de sa violence sur la personne elle-même, ou sur son animal de compagnie, ou sur une autre personne, ou en la menaçant de révéler sa pseudo-complicité (ses photos de 'nudes', parler aux parents de sa perversion, l'abandonner à son sort alors qu'elle a déjà tout sacrifié pour lui).... afin qu'elle soit totalement à sa merci et accepte encore plus l'inacceptable.
On peut aussi identifier un cycle pervers de contrôle émotionnel et psychique :
1/ "love bombing" ("tu es ma princesse", "tu es exceptionnelle" je suis le seul à te comprendre, on va réaliser tes rêves..." + cadeaux) , le prédateur s'appuyant sur les traumas antérieurs de la victime (abandon affectif, violences, indifférence des adultes).
2/ mise en pseudo-complicité de la victime (par surprise, par participation active aux actes, par acceptation d'une partie des actes anodins qui servent en fait au viol
3/ dévalorisation et utilisation comme un pur objet (de décharge physique, émotionnelle et sexuelle)
4/ (dès que la victime se rebelle) rejet, ignorance, humiliation, voire menaces, coups, mise en danger de mort puis de nouveau :
1/ "c'est parce que je t'aime"... ou juste abandon si la proie n'est plus assez rentable ou que le danger de la garder devient trop grand.
Et quand le loup est dans la maison ? Les violences intrafamiliales.
Plus les violences sont faites par les membres de la famille proche, plus le contrôle est d'emblée assuré et même quasi légalement assuré. Si un voisin aura besoin de faire les yeux doux aux parents avant de pouvoir un jour espérer se retrouver seul avec l'enfant en toute impunité, un père ou une mère a accès au corps de son enfant directement et non stop.
LES VIOLENCES EXTREMES
Imaginer l'horreur pour pouvoir l'entendre
"Nous l'avons vécu, vous pouvez bien l'entendre."
Ces mots, ce sont les paroles d'une jeune adulte témoignant à la CIIVISE.
Si on ne peut pas concevoir les violences subies par tant d'enfants et tant d'ados - comment pourrions-nous les entendre et les voir ?
Et si on les considère "éducatives", et donc de droit de la part des parents en tous cas, comment y mettre fin ?
On en liste quelques unes ici, non pas comme un musée des horreurs voyeuriste, on est loin du compte de toutes façons. Mais pour que nous adultes ouvrions les yeux sur la cruauté sans limite de certain-es d'entre nous. Et les enfants qui les copient/reproduisent sur d'autres ont souvent des exemples clairs en tête,étant eux-mêmes déjà victimes ou témoins.
De plus, connaître ces violences permet d'entrevoir comment elles sont enchevêtrées, car c'est par elles que l'agresseur tisse sa stratégie de domination et de violence.
Enfin, on peut aussi voir comment de manière plus ordinaire, on participe nous aussi à ce que les enfants ne puissent pas dire non aux adultes, ne sachent pas si ce qu'elles/ils ressentent est légitime (ce que je sens est vrai), culpabilisent et deviennent des proies faciles.
Les violences physiques - et quasi toujours aussi psychiques
Par les coups, etc
- Frapper sans objets en laissant des traces / ou sans, (dont les fessées, notamment déculottées et devant d'autres)
- Frapper avec des objets, dont le fameux martinet et la ceinture à boucle métallique (parfois posés en évidence dans la maison - et avec la torture psychique de demander à l'enfant d'aller le chercher et de se dénuder, en faisant des coups un rituels)
- Attraper l'enfant comme une chose et la/le tirer + la/le tirer par les cheveux,
- Pincer pour rappeler qui est le maitre, griffer jusqu'au sang parce qu'il/elle ne se soumet pas
- Étrangler, y compris pour "calmer" l'enfant/ado.
Par brûlure
- Brûler avec une cigarette, brûler avec des lames chauffées à blanc (y compris pour "soigner")
- Brûler à l'eau bouillante : plonger un bébé dans un bain fumant et l'y laisser, ne pas soigner une brûlure de bouilloire au 2nd degré alors qu'on sait ce que c'est et qu'on en a les moyens
- Brûler la bouche l'oesophage et l'estomac d'un bébé avec un biberon brûlant (en lui bouchant le nez pour qu'il ne puisse pas recracher).
Par le froid
- Faire prendre des douches et des bains glacés prolongés, y compris en hiver, et laisser l'enfant se sécher "au vent : nu-e dehors devant tout le quartier
Par l'eau
- outre les brûlure et le froid : noyades "pour jouer" ou "pour apprendre à nager" (et montrer que ta vie est entre mes mains et que si je veux tu meurs mais je peux aussi te sauver)
Les violences sexuelles
- (faire) photographier ses enfants nus et les partager
- les sexualiser verbalement, avec des vêtements, notamment devant les autres memebres de la famille ou les mais de la famille
- partager sa sexualité avec elles/eux : pas de portes aux chambres donc les enfants arrivent le matin le weekend et montent dans le lit pendant que...., partager des anecdotes de leurs sexualités ("ton père de toutes façons il me fait même pas jouir / il va encore se choper une petite [de ton âge] et ça va le calmer, t'inquiète pas", leur demander de divulguer leur sexualité (en réunion de famille à brûle pourpoint : "t'as déjà baisé, non parce que le fils de truc à ton âge ... et puis machine là dans ta classe elle est bandante, non ?") partager des images, des films, du porno
- détourner l'usage des sous-vêtements : les inciter à la nudité même quand il fait froid (pour mieux les soigner ensuite), les prendre en photo nus (et partager leurs photos avec...), continuer à habiller ses enfants sous forme de jeu pour leur prouver qu'ils n'y arrivent pas et avoir accès à leur sexe jusqu'à un âge avancé, habiller ses enfants (filles surtout) avec de la lingerie "comme une grande" ou "comme maman" mais plus belle, offrir de la lingerie à une adolescente "car moi je te vois comme une femme"....
- avoir des rapports "tendres" ou "drôles" ou "de soin" complètement déplacés (sans pour autant toucher les "parties intimes") : des baisers pour jouer sur ou avec les muqueuses (le père lèche l'enfant dans l'oreille comme une chèvre
ou un chien / la mère demande à se faire masser par ses enfants alors que le mari peut le faire, jusque près du sexe et des seins)
- dormir avec son enfant blotti l'un-e contre l'autre parce que [tous les prétextes sont bons, surtout s'ils sont réguliers, d'autant plus si c'est "pour son bien" "parce qu'il veut"] alors qu'il/elle a 8, 12, 16 ans. MAis attention, "sans toucher les parties intimes".
- toucher les parties intimes et les muqueuses de la bouche de son enfant sous différents prétextes, notamment son bien être à un âge où son développement lui permet parfaitement de le faire. Ex pour des enfants de 6 ans (étonnamment en retard scolaire) :"ah ben oui, je lui caresse le zizi tous les soirs, ben c'est un garçon, sinon il n'arrive pas à se calmer - mais maintenant c'est plus mi qui le fait, hein, j'ai appris à ses soeurs !" / "ben c'est lui qui me le demande, je sais pas ce qu'elle fait sa mère mais elle ne lui apprend pas à se torcher alors moi je suis obligé de passer la main jusqu'à ce qu'il soit propre, je tourne autour de son anus le temps qu'il ne reste plus rien parce que bon je ne vais pas le laisser sale moi ! - Mais y a des lingettes ! Et même un weekend sur deux tu peux lui montrer ! - Ah non les lingettes c'est pas écolo ! - Ben gants de toilettes ?! - Ecoute, c'est plus simple à la main et ne viens pas me donner des leçons, qui tu es pour te mettre en l'inimité d'un père et de son fils ?" / "Tu n'arrives pas à bien mettre ton suppositoire moi je te dis, allez, écarte bien les fesses, je vais le faire rentrer moi".
- idem avec un aspect sadique de punition (voire de punition ritualisée)
- exposer un-e enfant / ado à sa sexualité
- pénétrer les muqueuses de l'enfant/ado sous prétextes de soin / jeu / punition / art, même si ce n'est pas dit être un acte sexuel, avec ou sans objet / se faire pénétrer (y compris faire une fellation ou un cunilingus)
- "offrir" un-e enfant / ado comme objet sexuel
- prostituer un-e enfant /ado.
Les violences autour de la nourriture
- Cuisiner systématiquement ce que l'enfant n'aime pas sans chercher d'alternatives alors qu'il y en a : "ça lui forme le goût" (de qui domine) et ainsi lui faire désapprendre ce qu'il/elle aime ou pas, si ça fait "oui" ou "non".
- Affamer l'enfant, par exemple en lui donnant toujours trop peu/ moins que les autres (même sans maltraitance caractérisée, les filles ont en général moins à manger que les garçons)
- Tant que l'enfant n'a pas mangé, lui resservir le même plat, y compris quand il commence à pourrir ("c'est pas à moi de céder quand même !")
- Faire manger l'enfant seul, par exemple après tout le monde, les restes...
- Faire manger l'enfant les aliments pour animaux / dans la gamelle des animaux : "de toutes façons, tu manges comme un porc"
- Faire manger le vomis
- Gaver un enfant, le forcer à manger (en le culpabilisant, en lui faisant peur....)
- L'intoxiquer
- Lui brûler la bouche (et l'anus ou la vulve), avec du piment
- Mettre de la javel dans la bouteille de soda et dire que l'enfant savait "mais qu'on lui avait dit et qu'on y peut rien si cette conne n'écoute jamais !"
- ...
Les violences avec les excréments
- empêcher d'aller aux toilettes, empêcher toute intimité aux toilettes, laisser les toilettes dégoûtantes et non praticables notamment pour les filles
- laisser les enfants dans leur urine et dans leur selles (notamment en cas d'énurésie et d'encoprésie) : ne pas changer les culottes d'un jour sur l'autre, les refaire mettre "parce que l'enfant les a sali et qu'il faut lui apprendre la propreté", laisser le lit souillé et refuser de changer les draps avant la date habituelle...
- uriner et déféquer sur le lit des enfants / sur les enfants
- ...
Les violences autour des tâches ménagères, du travail et de l'argent :
- faire d'un-e enfant un-e serviteur, voire un-e esclave : souvent dans une fratrie les filles (même ainées) vont être les servantes attitrées de ces garçons, que cela soit dit tel quel ou juste "normal" - parfois cela va jusqu'à la privation de tout jeu, les humiliations par les "maîtres",
- nettoyage des toilettes souillées par les autres, nettoyage des sous-vêtements utilisés par les autres membres de la famille (voire climat incestuel)
- vivre grassement pendant que les autres n'ont rien : s'offrir restaurant, beaux vêtements etc pendant que les autres n'ont pas de quoi s'habiller chaudement, leur "offrir" des cadeaux ridicules,
- contrôler les économies (et les dépenses de la conjointe ou du conjoint) de sorte que si c'est l'autre qui prend soin des enfants, il le fasse a minima
- demander à un-e plus jeune de participer à un trafic (de drogue, de prostitution) pour "participer, sinon, t'auras pas à bouffer / comme ça je serai fier de toi"
- demander à un-e enfant violé-e ou battu-e de se taire car sinon "il va s'en aller et qui nous paiera tout ça, hein ?
certainement pas toi".
- détourner l'argent des allocations handicap de l'enfant à son propre profit
- détourner l'agent alloué par l'ASE à son profit en tant qu'éducateur
- offrir des "cadeaux" pour créer des dettes - ou punir qui n'en a pas
- ...
Les violences sur et via les animaux
- vivre avec des chiens de combat ou de gardiennage en appartement (et s'en servir en cas de "problème d'autorité" dans la famille)
- battre (parfois à mort) un animal de compagnie de manière inattendue devant tout le monde et reprendre comme si de rien n'était
- en racheter un et le retuer en le laissant agoniser devant tout le monde dans la poubelle de la cuisine
- le faire tomber du 5ème étage avec calme et sans froid "parce qu'il se plaint"
- ...
Les violences et maltraitances par "négligence" autour des soins de base
- ne pas soigner un enfant/ado malade, tarder, refuser de le soigner : "dans la famille, on ne se plaint pas !" "dans la famille, on n'est jamais malades [sauf moi]", parfois jusqu'à mettre sa vie en danger (et lui rappeler au passage que sa vie est entre nos mains).
- le laisser avec des vêtements trop petits (ex une ado avec des culottes de 8 ans) alors qu'on s'en achète des neufs régulièrement,
- laisser une ado se débrouiller seule avec ses règles et lui faire honte (on voit que les institutions pourraient aussi aider avec des serviettes gratuites)
- ...
Les violences sociales :
- interdire à un-e ado de 15 ans de sortir voir ses ami-es "parce que je ne supporte pas être seul-e"
- contrôler les sorties d'une ado en la faisant systématiquement accompagner d'un de ses frères
- contrôler systématiquement le téléphone de l'ado (pas vérifier avec elle/lui en confiance de comment naviguer sur internet), y installer un géolocalisateur et lui demander des comptes dès qu'elle s'est attardé-e une minute de plus à un endroit ou dès qu'il a changé de chemin, y installer un logiciel espion pour lire toutes les conversations (de plus en plus utilisé par les "petits amis")...
- laisser un-e enfant végéter en le/la réprimant s'il/elle ose demander quelque chose
- ...
Les violences par les mots... et les silences
- hypersexualiser des "blagues" ("tu veux bien refermer la bouteille chérie ? [l'enfant] "Oh oui vas-y enfonce le plus fort !" et des "histoires drôles", questionner de manière très intrusive en public sur la sexualité d'un-e pré-ado, appeler l'ado par le nom de son autre parent, l'appeler Oedipe s'il s'oppose à soi... tout cela fait partie de l'incestuel (avec bien d'autres choses)
-
Les violences dans l'espace de la maison (de la maison d'accueil, de la maison de vacances...)
- entrer dans une chambre d'ado sans frapper
- ne pas mettre de verrou aux portes, notamment des toilettes et de la salle de bain... et entrer "par erreur"
- enlever la porte de la chambre d'un-e enfant "parce qu'il la claque" et ne pas lui remettre pendant des années, d'autant que les adultes continuent leur vie tard et que l'enfant ainsi ne dort pas et doit y assister
- Enfermer dans un placard, séquestrer dans une chambre, parfois des jours entiers sans accès aux toilettes ou à la nourriture.
Signalement au Procureur de la République
COMMENT L'ECRIRE ?
- En restant le plus simple et le plus proche possible des paroles de l'enfant/ado.
- Sans minimiser.
- En donnant les infos concrètes nécessaires.
- En ajoutant les éléments de dangerosité de l'agresseur si vous en disposez : par exemple, si vous écriez que l'enfant vous a dit que telle personne lui a mis son sexe dans la bouche hier, et que cette même personne l'a en plus menacée de mort en cas de révélation, ou que l'enfant a des griffures sur le visage, ou qu'il/elle dort en classe depuis quelques mois, ou se fait pipi dessus régulièrement, etc (voir les signes d'alertes).
- Sans caractériser vous-même les faits de manière juridique.
A QUI ECRIRE ?
Pour trouver le Tribunal de Grande Instance compétent selon le lieu des faits : vous pouvez utiliser le moteur de recherche du Ministère de la Justice (rechercher "Tribunal pour enfants").
POURQUOI APPELER JUSTE APRES ?
Le bureau d'un Procureur peut recevoir jusque 80 signalement par jour. Pour s'assurer que l'information est bien passée et avoir des consignes sur la marche à suivre, il est essentiel d'appeler :
- à qui remettre l'enfant ?
- y a-t-il une ordonnance de protection provisoire ?
- y a-t-il une hospitalisation en Unité d'Accueil Pédiatrique prévue ?
- que faire ensuite ?
Préconisations officielles par professions
Elles sont toujours subordonnées à l'obligation de signalement !
EDUCATION NATIONALE :
--> Généralités :
--> Document de référence de l'inspection académique de Seine-Saint-Denis, département pilote (avec l'Isère) pour la prise en charge et la prévention des violences sexuelles en milieu scolaire. Très complet et très utile, d'autant plus quand la hiérarchie ne prend pas la protection des enfants et des ados en priorité.
Protéger un-e mineur-e victimes de violences
Que l'enfant se confie explicitement ou pas, les enfants victimes appellent à l'aide.
Elles et ils le font souvent en prenant garde de ne pas s'exposer à encore plus de danger : contrôle coercitif subi en retour, peur et culpabilité de" détruire la famille", avenir incertain, intuition que même si leur parole sera entendue elle risque de ne pas être prise au sérieux ju
Soyons au rendez-vous de leur courage et de leurs besoins.
On ne se défile pas !
"J'EN AI PARLE A L'ASSISTANTE SOCIALE, C'EST SON TAF, PAS LE MIEN"
La transmission d'information préoccupante, via l'assistante sociale / la CRIP, n'est pas adaptée en cas danger clair pour l'enfant. Et un enfant qui dit subir des violences sexuelles est en danger.
Celle-ci passe par la cellule départementale - CRIP - qui évalue le risque en interne et décide ensuite d'un éventuel signalement. Les violences sexuelles sur mineur-es constituent "un cas de danger grave ou imminent" , c'est pourquoi dans ce cas plusieurs institutions recommandent un signalement direct. (Préconisation 12 de la CIIVISE et recommandations Education Nationale). --> envoyez une copie au CRIP.
*
"MAIS LES PARENTS ONT LE DROIT D'ÊTRE AU COURANT QUAND MÊME, NON ?"
/ "MAIS C'EST MON COLLÈGUE ET AMI, JE NE PEUX PAS LUI FAIRE CA !"
NON : on n'informe jamais les potentiels agresseurs. Ce sera à la police de tirer l'affaire au clair et d'informer les agresseurs, même si c'est les parents, en temps et en heure.
En cas d'inceste et de violences intrafamiliales, ne pas prévenir la famille. Si celle-ci vous demande de révéler si vous avez signalé, vous n'avez pas à répondre à cette question, vous pouvez juste dire que vous suivez au mieux les préconisations pour le bien de leur enfants. Ne pas être seul-e lors de ce type d'entretien peut aider.
Prévenir les familles en cas de violences intrafamiliales est une décision revient à l'autorité judiciaire le moment venu. Prématurément, elle pourrait mettre encore plus l'enfant en danger. (Recommandation M.E.N.)
*
"CA ME REMUE TROP MOI - J'ARRIVE PAS A LE CROIRE !"
On a toutes et tous tendance à ne pas vouloir imaginer l'horreur vécue quotidiennement par certains enfants.
--> Vous n'avez pas vécu de maltraitance enfants ? Très bien ! Mais elles existent bien. Votre rôle aujourd'hui n'est que de retranscrire fidèlement les parole de l'enfant, même si elles vont au delà de votre imagination et qu'elles vous heurtent. Demandez de l'aide à des proches de confiances, parlez-en à un-e psy, etc.
--> Vous avez vécu des violences enfants ?
Vous pouvez aller dans une association de victimes adultes si cela remue vos propres traumatismes, directs ou indirects (ex : votre soeur a été victime).
Par exemple les groupes de parole (en ligne ou en présentiel) proposés par AREVI ont lieu régulièrement et sont parfois aussi ouverts aux proches de victimes.
Rappel historique
"Comment croire à la génération spontanée de la violence ?" Emmanuelle Piet
Quand en Occident on se glorifie d'être l'héritier de la Grèce hellénistique et de Rome, on revendique de fait même sans le savoir un monde où éduquer donne le droit de violer son élève (la "pédérastie" athénienne), et où être père donne le droit de tuer son enfant (l'exposition romaine") et ses esclaves (, ainsi que le fait que femme et enfants sont réduit-es au statut d'objet.
C'est d'ailleurs ce que dit le Code civil napoléonien, jamais aboli en tant que tel, juste "détricoté" petit à petit, mais qui continue d'être une fondation de nos lois.
La prise en compte de l'enfant comme personne et sujet de droit est très récente.
1881 : scolarité obligatoire (humiliations et châtiments corporels compris)
1989 : formation obligatoire sur les maltraitances de tous les professionnels de l'enfance (mais mise en oeuvre pour qui ?)
Et maintenant ?
Depuis les années 2000, on assiste à un virage sécuritaire faisant des jeunes et même des enfants d'abord de potentiels délinquants plutôt que des personnes vulnérables ayant besoin d'aide.
2001-2005 : l'affaire d'Outreau qui permis de faire croire que "les enfants mentent ou en tous cas ne sont pas fiables"