top of page

Accueillir la parole d'une victime

 Enfants / ados en danger ?

Accueillir la parole d'une victime de violence sexuelle, ou d'autres maltraitances graves, c'est déjà pouvoir l'entendre. Être à l'écoute des signaux faibles - ou forts - de détresse et d'appel à l'aide - surtout si l'enfant est tout petit ou parle à peine. Être sensible à sa souffrance avec la détermination calme de la défendre, et pouvoir lui dire  :

"........... n'a pas le droit. Tu n'y es pour rien. Je vais t'aider."

A toutes/tous l'écoute et la protection, à chacun-e ses besoins :

Et pour les adultes protecteur-ices : 

Un-e ado se confie

Lorsqu'une ou un ado se confie sur des violences passées ou présentes, il ne s'agit pas de faire son interrogatoire. 

Il s'agit de l'entendre, de la/le croire (donc de signaler) et de pouvoir lui dire : 

​

" ........ n'a pas le droit.

Tu n'y es pour rien.

Je vais t'aider.​ "

pexels-cottonbro-4100664.jpg

Difficultés que l'on peut rencontrer fréquemment

Je vais avoir tendance à minimiser et à oublier

​

Une tendance 'naturelle' à ne pas vouloir envisager le pire... mais qui risque de le faire perdurer

Une chose difficile est de se souvenir de chaque mot prononcé après le recueil initial de la parole. Car la tendance est de massivement minimiser les faits... et donc par exemple de transformer un viol en simple agression sexuelle. Ou d'oublier de mentionner la date ou la récurrence et donc l'urgence et la gravité... informations cruciales pour le bureau du procureur et donc de

--> Je fais attention aux mots et à ce qu'ils impliquent : "demander de" c'est une demande a priori sans contrainte surprise menace ou ..... donc pas un viol (et ça n'a pas forcément eu lieu) alors que "forcer"  c'est une contrainte et l'acte a eu lieu.

--> Je fais attention à la temporalité : le présent de narration (il fait ça...) implique une régularité et donc un risque plus grand, "hier" ou "ce matin" implique un flagrant délit possible.

​--> Je peux lui expliquer que pour l'aider, je vais avoir à noter ce qu'elle/il m'a dit (si ce n'est pas trop pénible) si je sens qu'elle/il ne va pas être réfractaire au signalement.

​

Je vais avoir tendance à ne pas croire l'ado

Par niaiserie :  "non, c'est impossible, et puis c'est trop dégueu".

Par déni collectif : "de toutes façons les enfants mentent"  propulsé par l'affaire d'Outreau.

Par solidarité adulte : "c'est mon collègue - ou un parent trop sympa (enfin un !), ce n'est pas possible, il a une femme et des enfants, c'est pas comme si il était ...... pourquoi il ferait ça ?"

Par solidarité de classe (et de race) : "je le connais, son père/frère/copain. jamais il ne ferait ça ! (surtout si c'est un garçon blanc valide qui a des bonnes notes et de famille "respectable")

Par sexisme et préjugés de genre : "c'est une petite séductrice tout de même", "elle aime beaucoup plaire" "elle est très portée sur la chose pour son âge" (alors que justement, des comportement très sexualisés sont un signe de potentielles violences), "elles les provoquent en m^me temps"...

Par racisme : la "petite noire" qui parle à peine de toutes façons... et ben on ne lui a jamais demandé comment ça va, elle fait cette tête triste / elle est colérique... c'est sa nature.

Par validisme : "elle crie quand elle a des soins, c'est juste insupportable, ça me scie les oreilles, mais elle croit quoi, que c'est elle qui décide qui lui fait les soins ? Et puis quoi encore ! Heureusement que .... est là pour la laver, moi je ne pourrais pas."

​

Remettons les pendules à l'heure : les enfants ne mentent pas. Les ados non plus.

D'autant plus que ce genre de déclarations n'apportent quasiment que des problèmes à qui les dit. Les rares cas (moins de 2 à moins 5%selon les études) où les faits reprochés et les personnes incriminés ne sont pas justes, ces cas sont repérables par des experts formés au psychotrauma - pas par les profs, pas par les psys scolaires, pas par les assistantes sociales, ni même par les policiers. En revanche, 94% des adultes à qui un-e enfant/ado révèle des violences sexuelles ne le croit pas et/ou ne le protège pas. Bref, le risque dans lequel on tombe massivement : laisser un enfant se faire violer, torturer psychologiquement etc. pendant des années (et s'il se suicide personne ne parlera de meurtre mais au final ce sera du suicide provoqué). Pas de faire condamner un innocent (il y a moins de 1% de personnes reconnues coupables d'inceste après qu'un enfant/ado ait parlé... mais 10% des enfants au minimum sont incestés).

Vous devez signaler tous les faits qui vous sont reportés, intégralement. C'est votre devoir moral, professionnel et légal.

​

Je vais avoir peur pour la suite... que la justice et les services sociaux ne fassent pas le travail par exemple

Notre rôle est de bien faire notre travail... à chaque maillon de la chaine de protection. Et en général, nous ne pouvons le faire mieux, bien mieux - plutôt que de rejeter par avance la défaillance sur d'autres pros.

- Soit vous avez connaissance de graves dysfonctionnements effectifs dans la chaine de protection, auquel cas il faut les rapporter (de manière générale) et tenter de trouver des solutions concrètes dans le cas présent.

- Soit vous n'en avez pas : ne fantasmez pas le pire. Car non : un-e ado violé-e ne sera pas "quand même mieux dans sa famille" (à se faire violer par un proche) "qu'à l'ASE où on ne sait pas ce qui peut lui arriver".

​​

Je vais avoir peur pour la suite... que les agresseurs me menacent / posent des problèmes à l'institution / et avoir les collègues, les syndicats ou la hiérarchie à dos

L'institution pour laquelle je travaille se doit AVANT TOUTE chose de prévenir les crimes contre les enfants dont elle a la charge. C'est une évidence, c'est la loi... mais ce n'est pas prise en compte dans les règlements, dans les habitudes de travail et dans la pratique de certains hauts responsables qui préfèrent le "pas-de-vague"  à l'humanité la plus essentielle.

--> Qui est l'adulte ici ? Et c'est vous qui avez peur ? Pour quoi au juste ? Un parent qui va "gueuler" ? L'inspectrice ou la cadre qui va vous demander "mais enfin vous savez qui sont les parents" ? Des collègues qui vont vous dire "t'es dégeulasse, c'est machin quand même !"  ... oui... c'est désagréable, mais enfin, c'est une blague à côté du calvaire de l'ado qui rendre chez elle/lui et qui va continuer à se faire violer, taper, traiter de folle et vivre dans la terreur. Rien à voir avec les risques que vous vous prenez en vous comportant en adulte responsable, digne de sa confiance et du métier que vous exercez.

--> je trouve le soutien de mes proches, d'un syndicat, de mon assurance pro, d'associations locales et nationales

​

L'ado refuse que les faits soient signalés

Un-e enfant s'il est grand aura peut-être tendance à anticiper la suite... très probablement par anticipation des mesures de rétorsions massives que prendra son agresseur. "Si tu parles je te tue" (avec le fusil accroché au mur). "Si tu parles ce sera qui qui nous donnera une maison, hein ?!" "T'es complètement folle enfin ! qui te croira ?"

Mais si elle/il s'est confié, ce n'est pas pour rien. Il ne s'agit pas de faire machine arrière. 
--> Je signale, malgré sa peur légitime, sans rentrer dans le contrôle imposé par l'agresseur.

​​

​

Le risque est majoré par l'orientation amoureuse et de l'identité de genre

A l'adolescence, les questions d'orientation amoureuse (et sexuelle), ainsi que l'identité de genre qui se précise va souvent engendrer du rejet familial et social qui risque de rendre 

- les confidences sur les violences moins faciles

- les violences plus cruelles

- la détresse plus grande (risque de fugue et de suicide notamment).

Si la personne est intersexe, parler de son intimité pour décrire les faits, notamment à la police ou chez un médecin légal risque d'être d'autant plus difficile sans un accompagnement adapté.

--> en plus de la démarche de signalement, j'appelle une association spécialisée.

​​

​

Il y a sans doute d'autres violences

Violences psychologiques, violences physiques, cyber-violences, violences financières... elles sont souvent entre-liées pour former la stratégie de l'agresseur.

--> je m'informe sur les différents types de maltraitances graves et de violences ainsi que sur la stratégie des agresseurs.

--> j'ouvre la discussion sans faire l'interrogatoire de l'ado, une fois le gros des violences révélées, si la victime le peut, lancer la conversation du type : "et tu reçois des coups ? ton téléphone, qui y a accès ?..."

​​

​Les violences par d'autres ados

Le fait que le(s) agresseur(s) soient d'autres ados ne doit pas faire minimiser la gravité des faits. Ce n'est pas parce que ce sont des ados, que ça va se régler entre familles ou au sein du collège. Un viol est un viol. Du harcèlement sexuel en ligne est extrêmement grave et là aussi c'est à la police de démêler les fils de la situation qui s'avère souvent plus grave et plus complexe. Et c'est à la justice de déclarer un-e mineur-e irresponsable ou de prononcer des circonstances atténuantes.

Le rôle des adultes encadrants dans ce cas est encore une fois de faire leur travail :

--> je fais la différence entre découverte de son corps et violences (on a plus tendance à ne pas voir les violences qu'à "voir le mal partout"), et souvent nous n'avons accès qu'à la partie émergée de l'iceberg (notamment tout ce qui peut se passer via les réseau ou dans le quartier),

--> je signale  les violences immédiatement,

-->  j'empêche de nouvelles violences en écartant la victime de ses agresseurs,

--> je continue de considérer les jeunes agresseurs comme des mineur-es ayant le droit à ma protection contre la violence adulte immédiate (ex : un père voulant venger sa fille harcelée... et qui s'en prend physiquement au seul des jeunes agresseurs qui est pauvre, orphelin et racisé, alors qu'il n'a plus de contact avec elle et que l'enquête est en cours) et passée. En effet, de nombreux agresseurs ont vécu des violences adultes graves mais non sanctionnées : je peux leur demander si eux aussi ont vécu des maltraitances enfants. : selon l'étude sur la prostitution des mineures de l'Observatoire des violences envers les femmes de Seine-Saint-Denis par exemple, les 2/3  des mineurs proxénètes ont été victimes de violences graves non prises en compte par les adultes et la justice. Ce qui n'enlève rien à la gravité de leurs actes.

- je prends soin de la communauté des ados auquel les jeunes (agressé-es et agresseurs) appartiennent, en l'aidant à prendre position de manière mesurer pour déconstruire la violence.

​

​

Les violences auxquelles un-e ado participerait "volontairement" : â€‹

Un-e enfant peut être pris dans un piège par l'adulte qui va la/le survaloriser pour assoir son emprise (ou plus exactement son contrôle coercitif) et faire croire à l'enfant que c'est l'enfant qui a désiré être violé-e. Cela est d'autant plus fort si l'adulte ou l'ado agresseur est de la famille et comme tel, un adulte auquel obéir. 

De plus plusieurs phénomènes peuvent avoir lieu.

- l'agresseur parle de jeu, de soin, de punition ou de secret (avec l'idée que la victime est "élue" ou "le mérite bien") : ça calque le fonctionnement avec lequel les adultes interagissent avec les enfants

- l'agresseur vient combler un vide affectif (comme le raconte Christine Angot dans Voyage dans l'Est : son père revient après des années d'absence, il s'occupe d'elle et la viole) ou comme par exemple un prof "pédophile" va (se) raconter "être le seul à vraiment comprendre" l'enfant et "à vraiment l'aimer - car dans sa famille, c'est horrible"

- l'ado peut ne pas arriver à dire non : par peur, par sidération, par dissociation (en rentrant même dans leur récit fallacieux de l'adulte agresseur pour se couper de la violence que de toutes façons il/elle va subir), par crainte de la violence décuplée de l'adulte si celui-ci n'a pas ce qu'il veut.

 

Un-e ado peut retourner vers son agresseur (même s'il est extérieur à la famille) d'autant plus si la famille le valorise (et le protègera) comme c'est le cas dans Les Chatouilles d'Andrea Bescond.  Des processus de mise ne danger peuvent se mettre en place si l'enfant n'est pas protéger l'amenant petit à petit à  se mettre en danger en allant vers n'importe quel inconnu ou plus tard vers des agresseurs mais cette fois en le "choisissant" et en croyant en tirer une forme d'autonomie et de profit.

Il peut donc y avoir plusieurs raison à ça :

- un phénomène d'emprise ou plus exactement de contrôle coercitif. Avec notamment une technique de love bombing où l'ado devient "la princesse" ou "le choucou".  Cela joue aussi dans les cas de "pédophiles" qui (se) racontent être les seuls à comprendre l'enfant/l'ado car dans sa famille "personne ne s'intéresse à lui" (ce qui peut être vrai). Et c'est encore à l’œuvre dans le cas de la prostitution ado qui commence par s'enfuir de l'ASE ou de la famille incestueuse, en partant en amoureux à la mer... pour finir à enchainer les passes pour des vieux violeurs qui pensent n'avoir rien à se reprocher car ils paient plus cher ;

- un processus traumatique appelé "excitation traumatique" : on est excité par ce qui nous a fait du mal, la violence est associé au "plaisir" (en fait à de la seule excitation physiologique). A cela s'ajoute un besoin pour symboliser une horreur de la rendre concrète puisqu'il est interdit/impossible d'en parler et d'être soutenu-e par d'autres.

​

--> Je contrecarre ce discours s'il surgit parmi les professionnels qui encadrent l'ado :

Un-e ado n'est jamais volontaire dans le viol qu'il/elle subi. Dire le contraire c'est tenir les propos des pédocriminels. 

--> Un-e enfant/ado qui retourne à ses bourreaux, c'est un-e ado gravement traumatisée et qui a perdu espoir dans le adultes pour la protéger. Elle/il est encore plus en danger. Et je fais tout ce que je peux pour la/le protéger.  Si je suis éduc spé, ça peut être prendre en photo les plaques d'immatriculation des proxénètes, revoir dans son dossier si les violences subies ont bien été prises en charge, me battre pour qu'elle/il ait des soins dignes de ce nom, organiser des groupes de parole et des ateliers d'écriture dans le foyer d'accueil/le centre semi-ouvert, veiller à ce qu'il n'y ait pas d'agresseurs parmi les collègues, l'aider à porter plainte, joindre des assos d'aide comme l'amicale du nid... Si je suis policier, ça peut être de ne pas la traiter comme une délinquante qui vole et fait déjà la pute à 15 ans, mais comme une victime multitraumatisée par des adultes sûrement impunis, et qui risque de mourir bien avant moi (sous les coups d'un client, d'overdose, etc). Et donc au lieu d'essayer de la coincer pour ce vol de sac à main, j'en profite pour la questionner et qu'elle puisse déposer plainte contre ses premiers violeurs.

​​

Un-e enfant se confie

Lorsqu'une ou un enfant se confie sur des violences passées ou présentes, il ne s'agit pas de faire son interrogatoire. 

Il s'agit de l'entendre, de la/le croire (donc de signaler) et de pouvoir lui dire :  

​

" ........ n'a pas le droit.

Tu n'y es pour rien.

Je vais t'aider.​ "

pexels-pixabay-236215.jpg

Difficultés que l'on peut rencontrer fréquemment

Je vais avoir tendance à minimiser et à oublier

​

Une tendance 'naturelle' à ne pas vouloir envisager le pire... mais qui risque de le faire perdurer

Une chose difficile est de se souvenir de chaque mot prononcé après le recueil initial de la parole. Car la tendance est de massivement minimiser les faits... et donc par exemple de transformer un viol en simple agression sexuelle. Ou d'oublier de mentionner la date ou la récurrence et donc l'urgence et la gravité... informations cruciales pour le bureau du procureur et donc de

--> Je fais attention aux mots et à ce qu'ils impliquent : "demander de" c'est une demande a priori sans contrainte surprise menace ou ..... donc pas un viol (et ça n'a pas forcément eu lieu) alors que "forcer"  c'est une contrainte et l'acte a eu lieu.

--> Je fais attention à la temporalité : le présent de narration (il fait ça...) implique une régularité et donc un risque plus grand, "hier" ou "ce matin" implique un flagrant délit possible.

​--> Je peux lui expliquer que pour l'aider, je vais avoir à noter ce qu'elle/il m'a dit (si ce n'est pas trop pénible) si je sens qu'elle/il ne va pas être réfractaire au signalement.

​

Je vais avoir tendance à ne pas croire l'enfant

Par niaiserie :  "non, c'est impossible, qui ferait ça à un tout petit bout de chou comme ça".

Par déni collectif : "de toutes façons les enfants mentent"  propulsé par l'affaire d'Outreau.

Par solidarité adulte : "c'est mon collègue - ou un parent trop sympa (enfin un !), ce n'est pas possible, il a une femme et des enfants, c'est pas comme si il était ...... pourquoi il ferait ça ?"

Par solidarité de classe (et de race) : "je le connais, son père/frère/copain. jamais il ne ferait ça ! (surtout si c'est un garçon blanc valide qui a des bonnes notes et de famille "respectable")

Par sexisme et préjugés de genre : "c'est une petite séductrice tout de même", "elle aime beaucoup plaire" "elle est très portée sur la chose pour son âge" (alors que justement, des comportement très sexualisés sont un signe de potentiels violences.

Par racisme : la "petite noire" qui parle à peine de toutes façons... et ben on ne lui a jamais demandé comment ça va, elle fait cette tête triste / elle est colérique... c'est sa nature.

Par validisme : "elle crie quand elle a des soins, c'est juste insupportable, ça me scie les oreilles, mais elle croit quoi, que c'est elle qui décide qui lui fait les soins ? Et puis quoi encore ! Heureusement que .... est là pour la laver, moi je ne pourrais pas."

​

Remettons les pendules à l'heure : les enfants ne mentent pas. Les ados non plus. Les rares cas (moins de 2 à moins 5%selon les études) où les faits reprochés et les personnes incriminés ne sont pas justes, ces cas sont repérables par des experts formés au psychotrauma - pas par les profs, pas par les psys scolaires, pas par les assistantes sociales, ni même par les policiers. En revanche, 94% des adultes à qui un-e enfant/ado révèle des violences sexuelles ne le croit pas et/ou ne le protège pas. Bref, le risque dans lequel on tombe massivement : laisser un enfant se faire violer, torturer psychologiquement etc. pendant des années (et s'il se suicide personne ne parlera de meurtre mais au final ce sera du suicide provoqué). Pas de faire condamner un innocent (il y a moins de 1% de personnes reconnues coupables d'inceste après qu'un enfant/ado ait parlé... mais 10% des enfants au minimum sont incestés).

--> Vous devez signaler tous les faits qui vous sont reportés, intégralement. C'est votre devoir moral, professionnel et légal.

​

Je vais avoir peur pour la suite... que la justice et les services sociaux ne fassent pas le travail par exemple

Notre rôle est de bien faire notre travail... à chaque maillon de la chaine de protection. Et en général, nous ne pouvons le faire mieux, bien mieux - plutôt que de rejeter par avance la défaillance sur d'autres pros.

- Soit vous avez connaissance de graves dysfonctionnements effectifs dans la chaine de protection, auquel cas il faut les rapporter (de manière générale) et tenter de trouver des solutions concrètes dans le cas présent.

- Soit vous n'en avez pas : ne fantasmez pas le pire. Car non : un-en enfant violé-e ne sera pas "quand même mieux dans sa famille" (à se faire violer par un proche) "qu'à l'ASE où on ne sait pas ce qui peut lui arriver".

​​

Je vais avoir peur pour la suite... que les agresseurs me menacent / posent des problèmes à l'institution / et avoir les collègues, les syndicats ou la hiérarchhie à dos

L'institution pour laquelle je travaille se doit AVANT TOUTE chose de prévenir les crimes contre les enfants dont elle a la charge. C'est une évidence, c'est la loi... mais ce n'est pas prise en compte dans les règlements, dans les habitudes de travail et dans la pratique de certains hauts responsables qui préfèrent le "pas-de-vague"  à l'humanité la plus essentielle.

--> Qui est l'adulte ici ? Et c'est vous qui avez peur ? Pour quoi au juste ? Un parent qui va "gueuler" ? L'inspectrice ou la cadre qui va vous demander "mais enfin vous savez qui sont les parents" ? Des collègues qui vont vous dire "t'es dégeulasse, c'est machin quand même !"  ... oui... c'est désagréable, mais enfin, c'est une blague à côté du calvaire de l'enfant qui rendre chez elle/lui et qui va continuer à se faire violer, taper, traiter de folle et vivre dans la terreur. Rien à voir avec les risques que vous vous prenez en vous comportant en adulte responsable, digne de sa confiance et du métier que vous exercez.

--> Je trouve le soutien de mes proches, d'un syndicat, de mon assurance pro, d'associations locales et nationales

​

L'enfant refuse que les faits soient signalés

Un-e enfant s'il est grand aura peut-être tendance à anticiper la suite... très probablement par anticipation des mesures de rétorsions massives que prendra son agresseur. "Si tu parles je te tue" (avec le fusil accroché au mur). "Si tu parles ce sera qui qui nous donnera une maison, hein ?!" "T'es complètement folle enfin ! qui te croira ?"

Mais si elle/il s'est confié, ce n'est pas pour rien. Il ne s'agit pas de faire machine arrière. 
--> Je signale, malgré sa peur légitime.

​​

​

Le risque est majoré par l'orientation amoureuse et de l'identité de genre

Dès l'enfance, les questions d'orientation amoureuse, ainsi que l'identité de genre peut jouer et engendrer du rejet familial et/ou social qui risque de rendre :

- les confidences sur les violences moins faciles

- les violences plus cruelles

- la détresse plus grande (risque de fugue et de suicide notamment).

Si la personne est intersexe, parler de son intimité pour décrire les faits, notamment à la police ou chez un médecin légal risque d'être d'autant plus difficile sans un accompagnement adapté.

--> en plus de la démarche de signalement, appelez une association spécialisée.

​​

​

Il y a sans doute d'autres violences

Violences psychologiques, violences physiques, cyber-violences, violences financières... elles sont souvent entre-liées pour former la stratégie de l'agresseur.

--> s'informer sur les différents types de maltraitances graves et de violences.

--> comprendre la stratégie des agresseurs.

--> sans faire l'interrogatoire de l'enfant, une fois le gros des violences révélées, si la victime le peut, lancer la conversation du type : "et tu reçois des coups ? ton téléphone, qui y a accès ?..."

​​

​Les violences par d'autres enfants

Le fait que le(s) agresseur(s) soient d'autres ados ne doit pas faire minimiser la gravité des faits. Ce n'est pas parce que ce sont des ados, que ça va se régler entre familles ou au sein du collège. Un viol est un viol. Du harcèlement sexuel en ligne est extrêmement grave et là aussi c'est à la police de démêler les fils de la situation qui s'avère souvent plus grave et plus complexe. Et c'est à la justice de déclarer un-e mineur-e irresponsable ou de prononcer des circonstances atténuantes.

Le rôle des adultes encadrants dans ce cas est encore une fois de faire leur travail :

-->  signaler les violences

-->  empêcher de nouvelles violences en écartant la victime de ses agresseurs

--> ne pas s'en prendre aux jeunes agresseurs qui eux/elles aussi sont mineur-es et doivent être traité-es comme tels. Cela n'excuse pas leurs actes, mais leur donne le droit aussi d'avoir accès à la considération et au soutien pour les violences qu'ils ont subi. 

​​

Les violences auxquelles un-e enfant participerait "volontairement" : â€‹

Un-e enfant peut être pris dans un piège par l'adulte qui va la/le survaloriser pour assoir son emprise (ou plus exactement son contrôle coercitif) et faire croire à l'enfant que c'est l'enfant qui a désiré être violé-e. Cela est d'autant plus fort si l'adulte ou l'ado agresseur est de la famille et comme tel, un adulte auquel obéir. 

De plus plusieurs phénomènes peuvent avoir lieu.

- l'agresseur parle de jeu, de soin, de punition ou de secret (avec l'idée que la victime est "élue" ou "le mérite bien") : ça calque le fonctionnement avec lequel les adultes interagissent avec les enfants

- l'agresseur vient combler un vide affectif (comme le raconte Christine Angot dans Voyage dans l'Est : son père revient après des années d'absence, il s'occupe d'elle et la viole) ou comme par exemple un prof "pédophile" va (se) raconter "être le seul à vraiment comprendre" l'enfant et "à vraiment l'aimer - car dans sa famille, c'est horrible"

- l'enfant peut ne pas arriver à dire non : par peur, par sidération, par dissociation (en rentrant même dans leur récit fallacieux de l'adulte agresseur pour se couper de la violence que de toutes façons il/elle va subir), par crainte de la violence décuplée de l'adulte si celui-ci n'a pas ce qu'il veut.

 

Un-e enfant peut retourner vers son agresseur (même s'il est extérieur à la famille) d'autant plus si la famille le valorise (et le protègera) comme c'est le cas dans Les Chatouilles d'Andrea Bescond.  Des processus de mise ne danger peuvent se mettre en place si l'enfant n'est pas protéger l'amenant petit à petit à  se mettre en danger en allant vers n'importe quel inconnu ou plus tard vers des agresseurs mais cette fois en le "choisissant" et en croyant en tirer une forme d'autonomie et de profit.

Il peut donc y avoir plusieurs raison à ça :

- un phénomène d'emprise ou plus exactement de contrôle coercitif. Avec notamment une technique de love bombing où l'enfant devient "la princesse" ou "le choucou".  Cela joue aussi dans les cas de "pédophiles" qui (se) racontent être les seuls à comprendre l'enfant/l'ado car dans sa famille "personne ne s'intéresse à lui" (ce qui peut être vrai).

- un processus traumatique appelé "excitation traumatique" : on est excité par ce qui nous a fait du mal, la violence est associé au "plaisir" (en fait à de la seule excitation physiologique). A cela s'ajoute un besoin pour symboliser une horreur de la rendre concrète puisqu'il est interdit/impossible d'en parler et d'être soutenu-e par d'autres.

​​

--> Je contrecarre ce discours s'il surgit parmi les professionnels qui encadrent l'ado :

Un enfant n'est jamais volontaire dans le viol qu'il/elle subi. Dire le contraire c'est tenir les propos des pédocriminels.

-->  Un-e enfant/ado qui retourne à ses bourreaux, c'est un-e ado gravement traumatisée et qui a perdu espoir dans le adultes pour la protéger. Elle/il est encore plus en danger. Et je fais tout ce que je peux pour la/le protéger.  Si je suis éduc spé, ça peut être prendre en photo les plaques d'immatriculation des proxénètes, revoir dans son dossier si les violences subies ont bien été prises en charge, me battre pour qu'elle/il ait des soins dignes de ce nom, organiser des groupes de parole et des ateliers d'écriture dans le foyer d'accuil/le centre semi-ouvert, veiller à ce qu'il n'y ait pas d'agresseurs parmi les collègues, l'aider à porter plainte, joindre des assos d'aide comme l'amicale du nid... Si je suis policier, ça peut être de ne pas la traiter comme une délinquante qui vole et fait déjà la pute à 15 ans, mais comme une victime multitraumatisée par des adultes sûrement impunis, et qui risque de mourir bien avant moi (sous les coups d'un client, d'overdose, etc). Et donc au lieu d'essayer de la coincer pour ce vol de sac à main, j'en profite pour la questionner et qu'elle puisse déposer plainte contre ses premiers violeurs.

​​

Une jeune personne avec handicap communicationnel et/ou psychique se confie

Une personne non-oralisante ("qui ne parle pas à l'oral") peut confier des violences de différentes manières : notamment à l'écrit ou via des symboles. Encore faut-il la considérer comme une personne digne d'interaction et communiquer avec elle à partir de son langage et moyen d'expression : LSF, français signé, makaton, langages non-verbaux... Mais aussi tout simplement : sa  langue maternelle. Si la seule chose qui empêche un enfant de dénoncer son violeur (même lointain) c'est de pouvoir le dire en Ourdou ou en Dioula, il faut lui trouver un-e interprète !

​

enfant qui écrit.jpg

Une enfant/ ado avec des handicaps sensoriels ou moteurs est bien sûr plus vulnérable aussi. Mais les handicaps psychiques sont encore plus facteurs de risques. En effet une personne déclarée "folle" ou "malade" risque elle de ne pas être crue - alors qu'elle sait peut-être trop bien ce qui lui est arrivé, et que cela est inaudible et invivable -  sinon par des symptômes allant jusqu'à la dépersonnalisation et au "délire" à la catatonie, ou à l'anorexie à la boulimie... Ce n'est pas parce qu'un-e enfant/ado est pris-e en charge par une unité de soin psy que les pros sauraient mieux que l'enfant/ado, d'autant plus que la psychiatrie a une longue histoire de déni des violences intrafamiliales et sexuelles.

Lorsqu'elle/il se confie sur des violences passées ou présentes, il ne s'agit pas de faire son interrogatoire. 

Il s'agit de l'entendre, de la/le croire (donc de signaler) et de pouvoir lui dire :  :

" ........ n'a pas le droit.

Tu n'y es pour rien.

Je vais t'aider.​ "

Difficultés spécifiques

Je vais avoir tendance à ne pas considérer la personne comme un être capable de penser et de parler (avec d'autres moyens que la voix)

​

Même si l'entourage de l'enfant le/la traite de débile, je refuse de voir les choses comme ça. 

--> je vois les dynamiques qui se jouent pour que la personne ne soit pas considérée comme digne d'intelligence

--> je suis à l'écoute de sa manière d'être, d'interagir avec le monde et donc de penser 

--> je me renseigne sur son handicap / sa langue

--> je me renseigne sur les liens entre diagnostiques de maladies psychiques et psychotrauma notamment d'ordre sexuel

--> je trouve un moyen de communiquer : langue étrangère ( il y a des communautées et des associations), LSF, français signé, makaton, dessins, signes du visages et des mains... par moi-même ou avec un-e interprête fiable.

--> je fais confiance à ce que je perçois de sa détresse 

​

Je vais avoir tendance à être pris dans une dynamique de soin/d'enseignement/d'encadrement - et de maltraitance - institutionnelle

Quand une institution fonctionne en vase clos, sans remise en cause extérieure, avec l'autorité du savoir médico-social et la confiance aveugle des familles, les enfants/ados handicapé-es ont de forts risques d'en payer le prix cher : les "soignants" sont pris dans leurs habitudes - et on ne remet pas en cause l'habitude du groupe - même s'il est évident que les "soignés" souffrent. Par exemple dans ce pôle ressource d'une école bien comme il faut, ou on vous explique qu' il faut apprendre aux enfants autistes à ne pas se balancer pour se réguler (ah bon ?! - oui car ce serait mal vu socialement), et donc les adultes les ceinturent s'il le font, et donc certain-es se mettent à hurler (sans forcément articuler un discours clair du type "u n'as pas le droit, je le dirai à mes parents") et à oser se débattre, et donc ceux-là on les isole dans la pièce voisine et 2 adultes s'assoient sur lui jusqu'à qu'il "se calme" d'épuisement - et "ça peut durer 30 minutes facilement", régulièrement... sans que personne, ni enseignants "non-spécialisés" ni parents n'y trouvent rien à redire car ces enfants "ont de la chance d'avoir une éducation spécialisée. Et cet exemple - véridique - c'est en milieu ouvert dans un quartier parisien où certains parents ont des relations - pas dans une institution fermée dans une zone rurale délaissée par l'Etat.

Autre exemple : une petite fille de 10 ans n'arrive pas à apprendre à lire. Elle a pourtant passé des années en classe d'accueil et elle parle toujours mal français. Elle fait des crises "violentes" tous les jours ou presque. Certains enseignant-es (de gauche bien sûr) disent qu'il ne faut pas s'en occuper, c'est une perte de temps. Ah oui, elle est noire, orpheline de père et sans papier avec sa mère - et il vaudrait mieux selon eux mieux s'occuper de l'autre petite fille en crise et en difficulté - celle qui est blanche de parents français aux revenus moyens. Mais l'enseignate ne lâche pas et de confidence en confidence, de profs qui gardent le cap en infirmières bienveillante, la peite fini par raconter la traversée de la Méditerranée où elle a failli mourir par deux fois, la Lybie où elle a été (peut-être) été violée. Et tout à coup, "magie", elle apprend à lire et arrête se crises.

Comment dans un climat de dénigrement des enfants et de maltraitance généralisée, un enfant pourrait-il se confier sur des violences sexuelles subies ?

--> Ce n'est pas grave si au final vous ne pouvez pas rester bosser à ce poste parce que vous avez dénoncé les maltraitances. En vous taisant pour y rester vous y auriez perdu votre âme et très vite participé à des violences graves. et avec un eu de chance : vous allez pouvoir rester et changer la dynamique générale.​

Des tout-petits appellent à l'aide

Un bébé ne parle pas. Un tout petit enfant ne saura pas raconter ce qui lui arrive quand bien même il/elle s'en souvient (en terme d'image, organisables chronologiquement, avec des personnes définies).

​

Pour leur extrême vulnérabilité et leur incapacité à en parler même plus tard, les bébés sont des cibles bien plus privilégiées qu'on n'ose l'imaginer pour les prédateurs sexuels et autres adultes en manque de maltraitance.

​

Mais si on l'écoute elle/il parle de tout son être et son corps se souvient : aboulie, sidération, éruptions cutanées, hurlement à la séparation... sans compter les traces directes de maltraitance (lésions, brûlures, bleus...)

pexels-helenalopes-7820628_edited.png

Les bébés comprennet ce qu'on leur dit, ils sont concernés, sentent qu'on prend soin d'eux ou pas. A elles et eux aussi, n peut dire : 

" ........ n'a pas le droit.

Tu n'y es pour rien.

Je vais t'aider.​ "

Difficultés spécifiques

Je vais avoir tendance à ne pas considérer la personne à part entière

Même si j'ai l'habitude de prendre soin des tout-petits, je peux passer à côté de telle violences. En effet, la charge de travail parfois intense ne permet pas toujours de prendre le temps de se poser et de vraiment prendre en compte les signes - ou d'en tirer les conséquences.

Si je travaille en PMI, je peux avoir tendance à donner la priorité aux parents / à ne pas parler aux tout-petit sans les parents. 

​--> Dès la maternité, en crèche ou en PMI, pouvoir prendre un temps pour parler séparément aux parents et aux enfants, même tout petits, peut permettre de se rendre compte de dysfonctionnement parfois grave, tout en aidant les parents à s'exprimer sur leur possible détresse (notamment des mères subissant des violences conjugales, le bébé "au milieu" des violences, voire en protection).

​

Je vais avoir tendance à être pris dans une dynamique de soin - et de maltraitance - institutionnelle

Quand une institution fonctionne en vase clos, sans remise en cause extérieure, avec l'autorité du savoir médico-social et la confiance aveugle des familles, les enfants/ados handicapé-es ont de forts risques d'en payer le prix cher : les "soignants" sont pris dans leurs habitudes - et on ne remet pas en cause l'habitude du groupe - même s'il est évident que les "soignés" souffrent. 

Comment dans un tel climat de maltraitance généralisée, un enfant pourrait-il se confier sur des violences sexuelles subies ? Des violences physiques et psychiques graves lui sont infligées régulièrement par des adultes de référence au vu et au su de tous - et personne ne moufte.

--> Ce n'est pas grave si vous ne pouvez pas rester bosser dans ce poste parce que vous avez dénoncé les maltraitances. En y restant vous y auriez perdu votre âme et très vite participé à des violences graves.​

Recueil de la parole et signalements : 
préconisations par professions

​

​Quoi que vous dise la hiérarchie ou l'ordre professionnel dont vous faites partie, toute préconisation est toujours subordonnées à la protection des enfants /ados et à l'obligation de signalement !

​

Vous pouvez aussi vous référer aux préconisation de la CIIVISE concernant votre profession.

​

​

EDUCATION NATIONALE

​

- recommandations détaillées, pas à pas,  selon qui est dénoncé agresseur, et en coordination avec les autres services, par l'inspection académique de Seine Saint-Denis (département pilote avec l'Isère) : 

​​

​

 

- recommandations générales. Attention : souvent les textes et les instructions (orales) de la hiérarchie ne sont pas en accord avec la protection de l'enfance, comme l'a montré la commission d'enquête parlementaire transpartisane.

​​

​

 

- recommandations de la CIIVISE, fruit de plus d'un an de travail par les plus importants spécialistes de la question :

​

 

​

​

ANIMATION (JEUNESSE ET SPORTS + DEPARTEMENTS) 

​

PETITE ENFANCE 

​

ASE et PJJ

​

HANDICAP

​

PROFESSIONS MEDICALES 

​

POLICE et JUSTICE 

Et maintenant : signaler !

SANS ATTENDRE

​

AVEC LES MOTS DE L'ENFANT/ADO

​

SANS METTRE AU COURANT LES POTENTIELS AGRESSEURS

​​

Mais comment "libérer" la parole ?

Pour autoriser la parole  : 
--> Avoir une relation de confiance avec les enfants / ados, où leur parole est digne d'écoute,

 --> Avoir une oreille/un oeil pour les violences,
--> Faire de la prévention,
--> Questionner systématiquement.


Et quand elles parlent vraiment soutenir les victimes !

Faire de la prévention, ce n'est pas induire des violences fantasmées. Questionner systématiquement, ce n'est pas créer des faux souvenirs. Au contraire, c'est donner l'autorisation à une parole longtemps confisquée d'émerger.

En parler - de manière adaptée - c'est la base même de nos métiers

Il s'agit d'agir avec mesure, de manière adaptés à l'âge des enfants/ados et du contexte d'intervention (groupe d'élèves, patient-e en cabinet...). Et cela implique donc d'en parler : pas de faire comme si les violences n'existaient pas et d'attendre qu'une jeune victime ose en parler... alors que c'est socialement tabou et très probablement interdit par un agresseur tout puissant qui va recommencer le soir ou le weekend suivant.

​

1/5 enfant ou ado est victime de violences sexuelles, à cela rajoutons les violences psychologiques et physiques, les violences conjugales (dont les enfants sont toujours aussi victimes, à un niveau assimilable à celui d'une guerre) :  il faut en parler, il faut les aider à trouver de l'aide - et dans un cadre médical ou psy, il faut questionner simplement mais systématiquement, ainsi que le recommande la CIIVISE. 

​​

Concrètement

 

Lors des séances de prévention, ayez un oeil aux réactions des enfants : intérêt parmi d'autres d'intervenir à deux. Accueillez les révélations en public ("c'est très grave et c'est interdit, et on va en parler") comme les confidences en trois mots sur un pas de porte... pour toujours prendre le temps de recueillir ensuite correctement ce que l'enfant/ado a à dire : sans jugement, sans marque de dégoût, mais avec détermination à la/le protéger.

​

Autre modalités :

- la boite aux lettres dédiée (anonyme ou pas). Elles ont notamment été mises en place par l'association Les papillons

Passer par des mediums  :

- livres :  "moi aussi il y a un loup chez moi, enfin tu comprends" 

- théâtre (pour les grands), marionnettes, poupées, jouets,

- dessins....

​

​

Et d'une manière générale, ils y a des appels à l'aide muets, des signaux d'alertes à ne pas manquer... même si au final il s'agissait de tout autre chose.

Et moi dans tout ça ?

Pour libérer la parole de manière ajuster, il faut aussi pouvoir se positionner personnellement, et apprendre à parler à la première personne plutôt que de faire des généralités... souvent biaisées par notre expériences et nos dénis. Cela ne signifie pas exposer nos propres traumas ou poser des questions intrusives. Mais comment protéger un-e enfant dans un cadre professionnel alors qu'on se tait en famille par exemple ?

resources des assos
Se ressourcer / trouver de l'aide pour soi

En tant qu'adultes, aider des enfants en détresse peut être remuant et confrontant.

Voici quelques ressources pour les adultes protecteur-ices.

bottom of page